Saucière « cygne » de Christian Fjerdingstad

D’origine danoise, Christian Fjerdingstad (1891-1968) est un artiste à part dans l’histoire de l’orfèvrerie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle il s’enrôlât dans la Légion Etrangère, il s’installe dans la région parisienne, à Fontenay aux Roses, puis à L’Isle-Adam.

C’est au Salon d’Automne de 1921 qu’il expose ses premières pièces, et l’un de ses premiers acheteurs sera Jacques Doucet. Peu après il est engagé comme collaborateur par la maison Christofle et devient l’un des principaux créateurs de l’entre-deux-guerres. En 1925, à l’Exposition des Arts Décoratifs, il occupe avec ses pièces d’argent massif la place d’honneur du pavillon de l’orfèvrerie Christofle, alors premier orfèvre mondial en terme de chiffre d’affaire et de diffusion. Les œuvres de Fjerdingstad sont alors placées au cœur de l’orfèvrerie de l’époque et, par leur diffusion ultérieure en métal argenté, de l’orfèvrerie industrielle. Les créations de Fjerdingstad figureront encore au catalogue de la maison Christofle dans les années quatre vingt dix. C’est d’ailleurs Christofle qui financera l’installation et le fonctionnement de l’atelier de L’Isle-Adam dans les premières années, puis se contentera de choisir quelques pièces parmi les modèles réalisés.

Collaborateur d’une grande maison jusqu’en 1941, pour laquelle il est créateur (au moment où Luc Lanel en est directeur artistique), Fjerdingstad est aussi un artiste indépendant qui développe de nombreux modèles dans son atelier de L’Isle Adam, où il emploiera jusqu’à une dizaine d’ouvriers. Comptant parmi les chefs de file du renouveau de l’orfèvrerie, avec Georg Jensen, Gérard Sandoz et Jean Puiforcat, Fjerdingstad va utiliser un vocabulaire formel très novateur.

La version signée Fjerdingstad de cette saucière est présentée en 1925 à la Maison Christofle, et est alors en ambre et en argent. La version commerciale (celle que le musée vient d’acquérir) ne sort qu’en 1935 dans le catalogue Gallia, (marque crée par Christofle en 1900 et dont l’activité cesse en 1937 pour être intégrée à la collection générale. La marque Gallia produit des objets composés d’un alliage d’étain fondu argenté ou doré mêlé à de l’antimoine).

Cette pièce est tout a fait emblématique de la production de l’orfèvre, utilisant un vocabulaire formel très épuré et inspiré par l’observation de la nature (C. Fjerdingstad nourrissait une véritable passion pour l’ornithologie).